[Test & Avis] Biotopes, la victoire par nature

Dans Biotopes, vous allez devoir peupler d’animaux un écosystème tout en respectant la chaine alimentaire. En commençant par de petits insectes, vous allez doucement faire évoluer votre moteur de jeu pour nourrir des reptiles, des mammifères et des bêtes de plus en plus grosses, jusqu’aux grands fauves. En parallèle de ces actions, vous allez également devoir conquérir et contrôler de plus en plus de territoires sur un plateau commun à tous les joueurs afin d’assoir votre domination sur la région. Qu’ai-je pensé de Biotopes ? Parlons-en.

⚠️ Cette review a été réalisée à partir d'un prototype du jeu. Le matériel et la règle du jeu pourront donc être amenés à être modifiés d'ici à la commercialisation du jeu final.

Un bref aperçu de Biotopes 👀

Mise en place

En début de partie, chaque joueur dispose d’un écosystème de base avec des actions basiques et identiques pour tout le monde, ou des écosystèmes asymétriques aux actions variées pour les joueurs ayant déjà quelques parties derrière eux. L’écosystème se compose de Zones Humides (bleu), de Prairies (jaune), de Forêts (vert) et de Montagnes (gris). Une plante, sous forme d’un cube en bois, est posée sur chaque carte.

Au centre de la table, un plateau commun est composé de tuiles disposées aléatoirement. Chaque joueur y place alors 4 jetons à sa couleur. Ce sont ses territoires contrôlés. Puis les objectifs de partie sont tirés au hasard et disposés sur le plateau de compte-tour. L’idée ici étant de diversifier un peu les parties avec des objectifs variés.

Chaque joueur pioche 4 cartes, et la partie peut commencer.

Un tour de jeu

Les joueurs produisent simultanément leurs ressources de flore dans un pochon personnel. Ces ressources sont sous forme de cubes aux couleurs des 4 écosystèmes, et elles se stockent sur les cartes de départ. Ces cubes peuvent aussi bien être des plantes s’ils sont stockés sur les cartes de départ, comme ils peuvent représenter des espèces animales s’ils sont stockés sur les autres cartes. La seule contrainte est de toujours stocker les cubes par couleur, dans leur ligne correspondante (les jaunes dans la ligne des Prairies par exemple).

Ensuite, les joueurs jouent à tour de rôle. Tant qu’ils possèdent des cubes, ils peuvent les placer sur un plateau individuel pour déclencher des actions, parfois gratuites, parfois payantes.

Les actions possibles dans Biotopes

Je ne vais pas vous endormir avec les détails de chaque action de Biotopes, sachez simplement que vous pouvez dépenser vos cubes pour prendre le contrôle des territoires au centre de la table. Selon l’espèce que vous utiliserez, vous pourrez prendre possession d’un territoire adjacent à un des vôtres, voler par-dessus vos adversaires, ou encore les faire fuir. Agrandir son territoire permet de piocher de plus en plus de cube au début de chaque manche.

D’autres actions vous permettent de faire se reproduire vos espèces, en piocher de nouvelles ou encore, et c’est l’action principale, poser de nouvelles cartes. Toutes ces actions consomment des cubes posés sur vos cartes et les renvois dans votre pochon, et leur bénéfice consiste bien souvent à gagner de nouveaux cubes.

Vous devriez ici avoir un bon aperçu de la dualité de ces deux familles d’action, qui vous demanderont de bien équilibrer la taille de votre territoire avec la quantité d’espèce que vous allez poser devant vous. L’un ne peut pas marcher sans l’autre, et j’ai trouvé que l’équilibre n’était pas toujours évident à trouver.

À cette dualité, vous pouvez rajouter les actions disponibles sur les cartes de faune (et de flore si vous jouez en asymétrique). Chaque cube sur une carte, c’est une action possible. Par contre, j’ai été un peu déçu par le peu de variété dans les actions, malgré que toutes les cartes représentent une espèce unique.

Fin de partie

Biotopes se joue en 6 manches seulement. Ça pourra vous paraître court au début de votre première partie, car le nombre d’actions que vous pourrez faire sera limité par vos cubes. Cependant, si vous vous débrouillez bien, vos possibilités d’actions seront décuplées au fur et à mesure que vous contrôlerez des territoires et que vous y déposerez de nouvelles espèces.

À la fin de la sixième manche, c’est l’heure du décompte des points. Tout est important : les territoires contrôlés, les cartes posées, et surtout les objectifs définis en début de partie qui vous demanderont de collectionner certaines espèces, ou certains territoires. Petit stress intéressant, vous devrez aussi jouer vos/votre dernier(s) tour(s) à l’économie. Car seules les cartes avec des cubes dessus sont conservées, alors que ce sont ces mêmes cubes qui vous permettent de déclencher vos actions. Vaut-il mieux jouer plus d’actions et avoir moins de cartes ? Ou l’inverse ? Il n’est pas toujours évident de répondre à cette question.

Mon avis sur Biotopes 🤔

Les règles, les illustrations et le matériel

Les règles du prototype n’étaient malheureusement pas assez claire, et nous avons dû nous y reprendre à plusieurs fois avant de bien saisir le fonctionnement du jeu. Cependant, nous avons pu consulter les règles définitives, et ces soucis nous ont semblé avoir été corrigés par l’éditeur.

Du côté des illustrations, c’est un sans faute. Biotopes propose plus de 80 cartes représentant des animaux, toutes illustrées individuellement. Et c’est tout bonnement magnifique. Seul regret, et c’est lié au matériel du jeu, les illustrations sont petites…

En plus des illustrations, le matériel aussi est de taille réduite. Les cartes sont petites (de la taille des cartes de Codex Naturalis), je ne peux pas mettre ma main dans les pochons pour piocher les cubes, et les tokens ne sont pas très grands non plus. Ce ressenti est bien évidement très personnel (moi et mes gros doigts…). Cependant, faire plus grand, aurait rendu le jeu difficile sur des tables de taille standard. Tout le monde ne joue pas dans un château, et cette taille réduite permet de jouer confortablement à 5 joueurs autour d’une même table. Et il faut également que je signale que ces dimensions sont assumées par l’éditeur qui a souhaité concevoir et faire imprimer Biotopes en France, sur des matériaux de qualité, c’est assez rare dans le paysage ludique pour être souligné !

L’expérience de jeu

Biotopes est un jeu intéressant, plein de qualités, et pas exempt de défauts non plus.

J’ai par exemple adoré l’intrication étroite entre la mécanique du jeu et le thème « nature » qu’il utilise pour transporter les joueurs dans une gestion d’écosystèmes. Pour conquérir un territoire en passant par-dessus un adversaire, il faut des oiseaux. Pour nourrir des oiseaux et les faire se reproduire, il faut des insectes. Pour avoir des insectes, il faut des territoires compatibles, etc. De ce point de vue là, Biotopes est réussi et a réussi à me transporter dans la gestion (simplifiée) d’un écosystème.

Concernant la pioche des cartes, je suis un peu plus perplexe. Ces dernières sont séparées en trois tas (Herbivores, Insectivores et Carnivores). Malgré cela, il n’est pas rare de ne pas arriver à piocher les cartes dont on a besoin pour avancer dans la partie… Alors certes, il faut aussi arriver à s’adapter et à tirer le meilleur des cartes que l’on a en main, mais j’avoue qu’une rivière de cartes plutôt qu’une triple pioche à l’aveugle m’aurais semblé un peu plus cohérent. Heureusement, rien n’empêchera les joueurs d’adapter ce point s’ils le souhaitent.

Du côté du contrôle de territoire, l’idée que le nombre de Biotopes que le joueur contrôle affecte directement sa production en début de manche, et donc son nombre d’actions possibles, est fort intéressant. Il faut sans cesse trouver le bon équilibre entre le développement de la faune et de la flore dans notre moteur, ne jamais en négliger un des deux, et surtout surveiller ses adversaires du coin de l’œil pour ne pas se faire prendre par surprise. Perdre un territoire, c’est perdre des actions, des ressources, et des tours pour rattraper le train. Cela peut aussi être perçu comme punitif si un joueur se fait un peu prendre à partie par les autres, volontairement ou non.

Parlons renouvellement du jeu. Je trouve que les objectifs, censés proposer aux joueurs différentes choses à tenter où à contrôler, tombe un peu à l’eau. Il y a finalement peu de différences, par exemple, sur le contrôle de territoire. Entre les Montagnes, les Prairies où les autres, comme les plateaux, sont disposés aléatoirement, ça ne change pratiquement rien de devoir se diriger vers l’un ou vers l’autre en début de partie : tout le monde ira de toute façon sur les mêmes territoires. Et c’est un peu le même sentiment avec les autres types d’objectifs.

À qui s’adresse Biotopes ?

Ne vous y trompez pas par la taille de la boite et par ses belles illustrations, Biotopes s’adresse pour moi à un public habitué à jouer et qui a envie de passer du temps à optimiser ses actions, construire son moteur, et tirer le meilleur des cartes piochées. Si je devais tenter de mettre Biotopes dans une catégorie, ça serait entre l’initié et l’expert. Oui, je sais, c’est entre deux catégories ^^.

Fiche technique de Biotopes ⚙️

Informations sur cet article ❓

Article : Non rémunéré / Prototype : Prêté par l’éditeur / Liens : Affiliés

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